JHM 2017 12 11 – Aesculap : Columbus entre dans un nouveau monde

Pour la Haute-Marne, le « Columbus Â» est-il au genou ce que la « Corail Â» est Ă  la hanche , l’élĂ©ment dĂ©clencheur ? Pour comprendre la rĂ©ussite chaumontaise d’Aesculap et envisager la rĂ©volution en gestation, il est Ă©clairant de revenir en arrière. En 1993, Aesculap rachète tout ce qui est fabrication et dĂ©veloppement du genou au sein de l’entreprise Landanger Ă  Chaumont.

FormĂ© dans l’automobile, connaissant parfaitement les règles de l’entreprise allemande et parfaitement bilingue, Claude Rauscher (photo ci-dessous) arrive en 2003 . Le site produit alors 12 000 implants par an. Cette annĂ©e-lĂ  sortent les premiers Columbus, une nouvelle gĂ©nĂ©ration de prothèse du genou.

Claude Rauscher

La stratĂ©gie mise en place alors s’avère des plus pertinentes : plutĂ´t que de travailler sur une prothèse visiblement aboutie, Claude Rauscher oriente les forces du bureau d’études sur l’instrumentation. Non seulement l’outillage devient bien plus simple, bien moins cher, mais l’opĂ©ration qui durait 90 minutes ne requiert plus dĂ©sormais que 45 minutes d’occupation du bloc opĂ©ratoire ! Les hommes en blanc peuvent dès lors opĂ©rer davantage pour moins cher. C’est la première rĂ©volution Aesculap. Elle dĂ©clenche en retour une augmentation quasi mĂ©canique de la demande d’implants ; cela tombe bien : Aesculap produit alors un genou adaptĂ© Ă  la morphologie europĂ©enne et amĂ©ricaine : le Columbus.

Depuis 2012, la fabrication des instruments de pose du genou progresse et a été multipliée par trois. Aesculap poursuit son effort dans l’instrumentation qui continue de nourrir la demande en genoux. En 2014, le site chaumontais augmente sa production du Columbus de 15%. Pour réjouissante qu’elle paraisse, cette croissance impose d’être maitrisée, anticipée. Le marché est impitoyable et saura naturellement se nourrir ailleurs si le staff chaumontais se contente de l’observer satisfait.

Dans le même temps, Aesculap se prépare à pénétrer l’Eldorado du médical: les Etats-Unis. Les homologations sont en cours avec la FDA, l’organisme d’état américain en charge des autorisations de mise sur le marché outre Atlantique. Un accord commercial est passé avec un puissant distributeur.

Observateur attentif, Claude Rauscher voit poindre la concurrence, notamment des pays “à bas coĂ»t”. Il force le destin et prĂ©sente au groupe BBraun (55 000 personnes, 6 milliards de chiffre d’affaires) son audacieux projet : parier sur Chaumont. S’appuyant sur ses succès prĂ©cĂ©dents, il convainc l’actionnaire. Car sans attendre, dĂ©jĂ , il avait rĂ©organisĂ© la production, agrandi les locaux. 2,2 millions d’euros ont ainsi Ă©tĂ© investis en 2014. BBraun est sĂ©duit. Un bâtiment de 1200 m² va sortir de terre, Ă  la place de l’actuel parking. L’investissement reprĂ©sente 12 millions d’euros sur 5 ans. Le lancement de la production est envisagĂ© pour fin 2016 avec une trentaine de crĂ©ations d’emplois Ă  la clĂ© ! Il s’agit pour Aesculap Chaumont, de relever trois dĂ©fis :

1)   faire face Ă  l’augmentation de la demande liĂ©e notamment Ă  la pĂ©nĂ©tration programmĂ©e du marchĂ© nord-amĂ©ricain ; d’oĂą les 100 000 genoux attendus d’ici 2019. C’est demain.

2)   produire Ă  des prix compĂ©titifs pour maintenir la concurrence Ă  distance.

3)   anticiper l’après-Columbus. Le genou de demain est dans les tuyaux. Mis au point Ă  Chaumont, il sortira vers 2018 ; chut !

En attendant, Aesculap a dĂ©clinĂ© son Columbus avec une version spĂ©ciale “grande taille” (ça sent les States) et une autre pour les Asiatiques qui sollicitent diffĂ©remment leurs genoux.

DĂ©sormais rassĂ©rĂ©nĂ© sur l’avenir, Claude Rauscher le confie volontiers : «Avec tous ces projets, nous entrons dans un nouveau monde».

Voir aussi : www.bbraun.fr

NOGENTECH